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7 octobre 2025 | il y a 1 jour

Lutte contre l’érosion et la désertification : La protection des terres agricoles en ligne de mire

De nouvelles exploitations agricoles ont été crées avec la procédure de régularisation sous forme de concessions initiée par les pouvoirs publics et tendant à valoriser le domaine privé de l’État, à sécuriser les droits des investisseurs agricoles et à optimiser l’utilisation des sols, notamment dans le cadre de projets de mise en valeur agricole.

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Cette démarche permet de transformer des situations d’occupation informelle en droits de concession durables, encadrés par un cahier de charges pour une durée de 40 ans, selon l’esprit de la loi sur la concessions agricoles de 2010, et ce, afin d’inciter les agriculteurs dans les opérations d’investissement productif contribuant au rehaussement de la sécurité alimentaire du pays. L’assainissement total du foncier agricole est prévu pour la fin 2025 en application des directives présidentielles.


L’extension de la surface agricole utile (SAU) a toujours été, à côté de la productivité à l’hectare, une des préoccupations majeures des techniciens et des responsables gestionnaires du secteur de l’agriculture. Il y a lieu de noter que la surface agricole utile algérienne représentait 8 millions d’hectares en 1962. Le ratio SAU/habitant était alors de 0,75 ha/habitant. En 1990, ce taux fléchit à 0,3 ha/habitant.


Avec la croissance démographique que notre pays a connue depuis une vingtaine d’année, ce taux est tombé à environ 0,27.


Outre la croissance démographique, l’augmentation des besoins alimentaires des populations et la pression sur les terres agricoles, l’état de ces dernières, sur le plan de la qualité et de la fertilité, n’a pas encore fait l’objet d’un inventaire exhaustif.


Néanmoins, des constats fait par des agents de terrain, des bureaux d’études et des chercheurs universitaires ne manquent pas d’alerter sur l’incessante perte de fertilité grevant les sols algériens.


Le constat est établi sur la couche arable du sol- celle censée servir de substrat aux cultures annuelles ou pérennes- qui ne cesse de subir les contrecoups d’une gestion peu rationnelle de la ressource foncière.


En tout cas, le processus de perte des terres arables et fertiles due au phénomène d’érosion tend à prendre de nouvelles proportions chaque année.


Le phénomène de désertification étant un autre facteur qui, joint à l’action de l’érosion traditionnelle induite par les eaux de ruissellement, conduit à la réduction de la valeur agrologique des terres agricoles.


À cela s’ajoutent les dérèglements climatiques qui se caractérisent par des pics de chaleur inédits, l’allongement de la période sèche, les pluies torrentielles et, parfois, le décalage de saisons et de cycles végétatifs. Incontestablement, la perte de plus en plus prononcée de la couche cultivable du sol fait poser de grandes interrogations sur l’avenir de vie dans les régions rurales et la production agricole.


Perte de 25 milliards de tonnes de sol par an à l’échelle mondiale

Il est établi que la perte du couvert végétal sur les versants des collines et des montagnes entraîne inéluctablement plusieurs phénomènes en chaîne: dérèglement du régime de l’écoulement des eaux (inondations), tarissement des sources de résurgence, diminution de l’offre fourragère dans les pâturages naturels, envasement des barrages d’eau et ré- duction des produits ligneux (bois et liège) et sous-produits forestiers (plantes médicinales, aromatiques, tanin…).


Suite à de tels phénomènes par lesquels la couche arable du sol est menacée par une régression continue, les calculs des experts en pédologie et en sciences agronomiques établissent à l’échelle de la planète, des pertes de terres fertiles de l’ordre de 25 milliards de tonnes de sol par an.


Il y a lieu de signaler qu’il faut au moins un intervalle de temps d’environ un millénaire ans pour que le travail de néo-pédogénèse (constitution d’un nouveau sol) puisse reconstituer deux centimètres d’épaisseur de ce capital édaphique, le sol..


Autrement dit, à l’échelle de plusieurs génération, on peut donc considérer que la couche de terre fertile perdue par l’action de l’érosion l’est presque définitivement. Toutes les actions de l’homme tendant à réparer cette calamité ne pourront, dans les meilleurs des cas, que légèrement atténuer l’ampleur du désastre ou apporter des «adjuvants» artificiels, coûteux et porteurs d’ effets «indésirables», pour assister la fertilité du sol


La lutte contre la désertification au devant de la scène

Bien que le sommet de la Terre, aussi bien celui de 1992 que celui qui l’a suivi vingt ans après, en 2012, dans la même ville, ait traité de tous les défis environnementaux qui se posent à notre planète (protection des sols, changements climatiques, différentes pollutions qui menacent les ressources naturelles,…), le thème de la lutte contre l’érosion et celui de la désertification y avaient occupé les devants de la scène.


Il en est de même dans toutes les études environnementales qui ont été produites cours de ces dernières années, enrichies par les nouvelles réflexions inhérentes aux changements climatiques et aux la stratégie d’adaptation qu’ils requièrent.


Dans le créneau de la protection des terres, l’Algérie a mené de vastes chantiers depuis le début des années soixante-dix du siècle dernier (Barrage vert, relancé en 2023), jusqu’aux derniers projets de proximité de développement rural intégré (PPDRI), dont une variant appelée PP-LCD (projets de proximité de lutte contre la désertification) est dédiée aux espaces steppiques situés entre le Tell et le Sahara.


Ce sont ces espaces qui sont les plus menacés en raison de plusieurs facteurs naturelles et anthropiques identifiés par les techniciens et les pouvoirs publics depuis plus près d’un demi-siècle (faible pluviosité [elle descend au-dessous de 200 mm/ans], érosion hydrique et éolienne, déclivité sur les versants de montagne, surpâturage, absence d’une politique d’élevage rationnelle, méthodes culturales archaïques appliquées à la culture des céréales,…).


À cela s’ajoutent des facteurs humains que commandent la pauvreté et à la « stratégie de survie » et qui conduisent à une gestion non rationnelle des ressources biologiques, foncières et minérales.


Pendant plus de quatre décennies, les efforts des pouvoirs publics

pour lutter contre l’a désertification et la perte des sols étaient concentrés sur les zones directement menacées, celles qui jouent le rôle de zone-tampon entre l’Algérie du Nord et le désert du Sahara.


Ce sont les régions steppiques des Hauts Plateaux à climat aride ou semi-aride. C’est un couloir identifié depuis l’époque coloniale (les anciens livres de géographie le dénommaient « zone du mouton »).


Espace nomade et semi-nomade qui, aujourd’hui, avec une charge pastorale de plus de 20 millions de têtes d’ovins, a largement atteint ses limites trophiques et de reproduction biologique.


Lors de certaines saisons de sécheresse totale, les nomades éleveurs montent vers le nord à la recherche d’hypothétiques herbages et le gouvernement couvre ce déficit alimentaire avec le soutien assuré à l’orge.


La part de la recherche scientifique

Malgré une législation vieille de presque cinquante ans et régulièrement mise à jour, destinée à protéger le patrimoine naturel algérien- non seulement en prévoyant un dispositif répressif, mais également en mettant en place des structures spécialisées dans la défense et la promotion de la biodiversité-, la réalité du terrain est plus complexe.


Le déboisement continu des massifs montagneux, les graves atteintes à l’intégrité de la nappe alfatière, les diverses formes de pollution des biotopes, le processus effréné d’urbanisation et les différentes interventions anthropiques en milieu rural ont fini par avoir raison de certaines niches écologiques où étaient abritées, il y a quelques années, des dizaines d’espèces végétales et animales.


Avec la relance du Barrage vert depuis 2023, les programmes de protection des bassins versants et de développement des zones de montagne, le soutien à reconversion de certaines parcelles céréalières à très faible rendement (particulièrement dans les régions steppiques ou pré-steppiques) en vergers arboricoles, les pouvoirs publics comptent réduire le phénomène de la perte des terres agricoles ou forestières.


Des efforts d’adaptation aux changements climatiques-par la diversification des espèces à planter en optant pour les plus résistantes à la sécheresse- sont déjà initiés dans différents programmes.


Dans le même esprit, des solutions biotechnologiques sont en train de voir le jour dans le monde de la recherche scientifique afin d’agir sur le processus d’élevage en pépinière pour conférer aux plants de meilleures qualités de résistance.


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