Découvrir l'Algérie | Qui sommes nous ? | Espace Presse | Contact |
En effet, dans un discours franc et mobilisateur à l’adresse des opérateurs économiques pour conforter le succès de la 4e édition de l’IATF, le chef de l’État a rappelé les priorités économiques du pays, tout en soulignant la nécessité de réduire la dépendance aux hydrocarbures, d’élargir et moderniser la fiscalité intérieure pour financer durablement le budget de l’État, d’assurer une redistribution sociale équitable afin de préserver le pouvoir d’achat et la cohésion nationale et, enfin, de maintenir la souveraineté économique en refusant l’endettement extérieur.
Selon Tebboune, l’Algérie dispose aujourd’hui des moyens pour atteindre cet objectif, grâce à l’essor de l’industrie nationale, à la montée en puissance des exportations hors hydrocarbures et à l’intégration progressive de l’économie informelle dans le circuit fiscal.
La fiscalité, pilier de la souveraineté économique
Dans son discours, Tebboune a insisté sur la nécessité de réformer en profondeur le système fiscal pour réduire progressivement la dépendance de l’Algérie aux revenus des hydrocarbures. Il a rappelé que pendant des décennies, «nous fonctionnions à près de 70 % grâce aux recettes pétrolières», mais que cette situation n’est plus tenable à long terme.
L’objectif affiché est clair : faire de la fiscalité interne le socle de financement du budget national. Autrement dit, le financement des dépenses publiques doit être assuré en priorité par la fiscalité, en particulier grâce à l’élargissement de l’assiette et à une meilleure collecte des impôts.
Le chef de l’État a tenu à souligner que l’effort fiscal doit être équitablement réparti. Pour lui, les bas revenus restent protégés. «Celui qui touche 3 000 DA ne paie ni impôt ni taxe, en dehors de sa cotisation retraite.»
Les hauts revenus et les entreprises doivent en revanche assumer pleinement leur part. «Chacun doit contribuer à la construction de l’État», a-t-il souligné.
Au passage, le président Tebboune a dénoncé les comportements spéculatifs et les fausses déclarations fiscales, en rappelant que certains cherchent encore à échapper à l’impôt alors qu’ils profitent des aides et des soutiens publics.
Pas d’endettement extérieur
Le président a rappelé que les recettes fiscales, bien gérées, doivent permettre de financer les services publics essentiels : santé, éducation, logement, infrastructures, transport, énergie. Il a insisté sur le fait que l’État reste social et non « État-impôt », et que les impôts collectés sont redistribués à l’ensemble du peuple.
Il a aussi mis en garde contre l’obsession du profit immédiat : le vrai profit exige une vision de long terme. Selon lui, une fiscalité juste et durable garantit la stabilité de l’économie et évite à l’Algérie de tomber dans le piège de l’endettement.
«L’économie repose désormais sur vos épaules : production, emploi, recettes fiscales. L’argent du pétrole seul ne peut plus suffire. C’est pourquoi la fiscalité doit progressivement remplacer les recettes d’hydrocarbures. Notre ambition est claire : bâtir une économie forte sans recourir à l’endettement, avec des recettes fiscales internes, une industrie diversifiée et une agriculture productive. Chacun doit payer sa part d’impôt, car l’État se construit avec ses enfants et par leurs efforts économiques», a-t-il lancé à l’adresse des opérateurs économiques.
Un point central du discours est la réaffirmation du refus de l’endettement extérieur. Le président a été clair : «Nous ne nous endetterons pas.»
L’Algérie finance, dira-t-il, son développement par ses propres moyens, quitte à s’appuyer ponctuellement sur des mécanismes régionaux (fonds africains), mais jamais au prix de la souveraineté.
Cette ligne de conduite vise à préserver l’indépendance de la décision économique et à protéger l’Algérie des diktats financiers des institutions internationales.
L’industrie, moteur de diversification et de fiscalité
Dans sa stratégie, le président Tebboune table sur la relance des secteurs hors hydrocarbures comme l’industrie pour la diversification de l’économie nationale et surtout l’augmentation des recettes fiscales du pays.
En effet, le président a clairement rappelé que l’industrialisation constitue l’un des leviers essentiels pour assurer une fiscalité solide et réduire la dépendance pétrolière. Selon lui, l’Algérie a connu une forte régression industrielle, en passant d’une contribution de 18 % au PIB en 1972 à seulement 3 % en 2019 !
L’objectif est désormais, indique-t-il, de porter cette part à 13 % minimum, afin de créer une base fiscale solide et doter l’État de ressources durables.
Une dynamique industrielle est enclenchée depuis 2020, et sa contribution au PIB est en nette croissance. Actuellement, elle représente entre 5 et 6 % et devrait doubler d’ici 2027.
Pour illustrer ses propos, le chef de l’État a révélé que plus de 17 000 projets d’investissement sont actuellement enregistrés, avec une prévision de 420 000 emplois créés. Ils concernent des secteurs stratégiques comme l’agroalimentaire, l’électroménager, la chimie, la sidérurgie, le ciment, la pharmacie et les équipements médicaux.
Ces projets, selon lui, doivent constituer les futurs contributeurs fiscaux et générateurs de devises par l’exportation. L’État accompagnera ce mouvement par la mise à disposition de terrains, l’octroi de crédits supplémentaires et un accès prioritaire aux matières premières locales.
Mais Tebboune a été ferme : la crédibilité de l’Algérie repose sur la capacité des industriels à honorer leurs contrats internationaux. «La crédibilité de l’Algérie est au-dessus de toute considération», a-t-il martelé, en appelant à accroître les volumes de production pour répondre à la demande africaine.
L’agriculture, garante de l’autosuffisance et de l’équilibre social
Le président a rappelé, par ailleurs, que l’Algérie ne peut être forte économiquement que si elle atteint une autosuffisance alimentaire durable. «Celui qui importe sa nourriture n’est pas fort», a affirmé le président, insistant sur la nécessité d’atteindre l’autosuffisance, notamment en blé.
L’État a multiplié les soutiens à travers notamment la distribution gratuite de semences et d’engrais, électrification agricole, accès facilité à l’eau d’irrigation. Mais Tebboune a averti que ces aides exigent en retour discipline et transparence : les agriculteurs doivent livrer leurs récoltes aux structures de collecte et cesser de stocker des quantités importantes pour la spéculation.
L’agriculture doit désormais devenir une source de recettes fiscales nettes, en valorisant les productions, en intégrant les filières de transformation et en développant les exportations agricoles. Le président a rappelé que certains produits algériens, notamment les dattes, légumes et céréales, sont déjà attractifs sur les marchés étrangers.
À travers ces trois axes, fiscalité, industrie et agriculture, le président Tebboune trace la feuille de route d’une Algérie qui refuse la dépendance et l’endettement.
Par ailleurs, le succès du Salon africain du commerce intra-africain, avec 48 milliards USD de contrats signés dont 23 milliards pour l’Algérie, confirme que le pays dispose désormais d’une place crédible sur les marchés régionaux et internationaux. Le défi est désormais d’assurer la continuité et la fiabilité de cette dynamique.
«Le succès ne doit pas passer inaperçu», a-t-il averti, appelant les opérateurs économiques à intensifier leurs efforts pour faire de l’Algérie une puissance industrielle et agricole, capable de financer son développement par elle-même et de préserver sa souveraineté.