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17 juillet 2025 | il y a 3 mois

Exxon Mobil veut finaliser et lancer ses projets

Les signaux se multiplient autour du rapprochement énergétique entre l’Algérie et deux majors américaines, ExxonMobil et Chevron. Après des mois de discussions, le processus semble connaître un regain d’intensité, marqué par une série de rencontres de haut niveau entre les dirigeants de ces groupes et les plus hautes autorités du pays.

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Fin juin, le président Tebboune recevait successivement des délégations de Chevron, puis d’ExxonMobil, en présence des principaux responsables du secteur énergétique national. Moins d’un mois plus tard, le vice-président d’ExxonMobil a été accueilli à Alger par le ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, Mohamed Arkab, dans le cadre d’une mission de travail. Cette séquence diplomatique dense illustre un dialogue en cours, qui semble gagner en intensité.

A cette occasion, M. Arkab a également réitéré «l’engagement de l’Algérie à offrir un climat de partenariat favorable, garantissant la réussite des investissements et renforçant la confiance mutuelle avec les partenaires internationaux, en mettant à disposition toutes les facilités nécessaires, en consolidant une coopération fondée sur l’échange d’expertise et le transfert de technologie, et en adoptant l’innovation dans les domaines de l’exploration, de la production et de la durabilité».

Dans ce prolongement, les déclarations donnent un aperçu plus concret des objectifs poursuivis par les deux parties. Officiellement, ces rencontres s’inscrivent dans une dynamique de valorisation des ressources en hydrocarbures et de renforcement du partenariat stratégique entre Sonatrach, l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures et les grandes compagnies internationales. Le communiqué du ministère évoque des «consultations techniques en cours» en vue d’un «accord final sur les contrats pétroliers», sans en préciser la portée exacte. Pour sa part, M. Harker a exprimé l’intérêt d’ExxonMobil pour l’élargissement de ses activités sur le marché algérien. Il a salué le climat des affaires positif ainsi que la relation de confiance qui caractérise la coopération avec Sonatrach. Il a également exprimé la volonté de l’entreprise de finaliser les consultations en cours, en vue de conclure les projets de contrats attendus avec Sonatrach et l’Agence des hydrocarbures, ce qui permettrait de lancer des projets d’investissement stratégiques à long terme, à même de renforcer les capacités de production d’hydrocarbures de l’Algérie, de consolider sa sécurité énergétique, d’augmenter ses exportations, et de promouvoir le contenu local à travers l’intégration des compétences nationales.


Des majors américaines au cœur d’un repositionnement stratégique

Au-delà des intentions affichées, l’intérêt stratégique de ces majors pour le marché algérien s’inscrit dans une logique de long terme. La présence de géants comme ExxonMobil et Chevron revêt une importance particulière pour le marché algérien. Leur implication ne se limite pas à des considérations économiques immédiates, mais constitue un signal fort, susceptible d’attirer d’autres acteurs internationaux de poids. En effet, les majors agissent souvent comme des catalyseurs, capables d’instaurer un climat de confiance propice aux investissements étrangers directs dans des secteurs stratégiques.

Plus encore, ces groupes sont là pour une raison précise : le gaz. Le contexte mondial de transition énergétique donne au gaz un rôle central comme énergie de transition, et l’Algérie apparaît comme un fournisseur crédible et stable dans cette équation. Pour les compagnies américaines, l’intérêt est clair : sécuriser des ressources gazières dans un pays disposant d’un important potentiel encore sous-exploité.


L’atout géographique algérien : un pont vers l’Europe

Dans cette perspective, la position géographique de l’Algérie constitue un avantage compétitif majeur. Parmi les arguments qui justifient cet intérêt soutenu, la proximité de l’Algérie avec le marché européen joue un rôle déterminant. Les infrastructures existantes – notamment les gazoducs reliant l’Algérie à l’Italie et à l’Espagne – permettent un accès direct et rapide à un espace de consommation stratégique, aujourd’hui en quête de diversification de ses sources d’approvisionnement. Cette situation géographique avantageuse renforce l’attrait du pays pour des acteurs soucieux de limiter les risques logistiques et géopolitiques.

Dans cette perspective, l’Algérie affiche son ambition d’augmenter ses volumes d’exportation de gaz. Face à la hausse continue de la demande mondiale et à la réorientation des flux énergétiques. Cet objectif passe par la modernisation des capacités de production, mais aussi par l’établissement de partenariats technologiques robustes, condition sine qua non à une montée en puissance durable du secteur.


Un secteur à la croisée des chemins technologiques et énergétiques

Cette ambition suppose néanmoins une transformation en profondeur du secteur énergétique national. Le secteur des hydrocarbures en Algérie se trouve en effet à un tournant stratégique, confronté à des défis structurels liés à l’évolution rapide des technologies et aux impératifs de la transition énergétique mondiale. Le gaz naturel s’impose dans ce contexte comme un levier essentiel pour garantir la durabilité du mix énergétique national tout en répondant à la demande croissante, tant locale qu’internationale.

Dans ce cadre, Sonatrach cherche à redéfinir son modèle industriel pour faire face aux nouvelles contraintes du marché. Face au déclin progressif des gisements traditionnels et à la complexité croissante de l’exploration, notamment en zones difficiles, Sonatrach se fixe des objectifs ambitieux. L’entreprise nationale mise sur l’intégration de technologies de pointe, l’amélioration de l’efficacité opérationnelle et la diversification des sources de production. Dans cette stratégie, les hydrocarbures non conventionnels ne sont plus au centre du discours, mais demeurent en arrière-plan comme une réserve potentielle à activer si nécessaire.

La coopération avec des partenaires internationaux de premier plan s’inscrit pleinement dans cette logique de modernisation. Sonatrach cherche ainsi à renforcer sa compétitivité à l’échelle mondiale et à assurer le renouvellement de ses ressources grâce à des partenariats stratégiques avec des acteurs internationaux majeurs tels qu’ExxonMobil et Chevron. L’exploration conjointe de certains bassins, comme celui d’Ahnet, en est une illustration. Ce virage technologique et industriel s’inscrit dans une vision à long terme où les hydrocarbures, malgré les incertitudes, demeurent un pilier du développement économique national.


Un cadre politique mobilisé au plus haut niveau

Enfin, au-delà des enjeux strictement économiques, cette dynamique s’appuie sur une volonté politique clairement assumée. La rencontre entre les dirigeants de Chevron et d’ExxonMobil et le président Tebboune s’inscrit dans une logique de consolidation de la confiance et de stabilité, deux leviers essentiels pour attirer des investissements durables. À l’issue de son audience, le vice-président d’ExxonMobil, Jon Adriel, a qualifié l’environnement d’investissement en Algérie de «rassurant», saluant un cadre propice à une production énergétique «sûre et à faibles émissions». Des déclarations qui témoignent d’un état d’esprit résolument tourné vers l’action. Et la rencontre d’hier avec Mohamed Arkab, confirme l’intention des Américains de franchir rapidement une nouvelle étape, concrète cette fois.

17 juillet 2025 | algeria-logo