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13 novembre 2025 | il y a 2 heures

Intégration des entreprises récupérées : Un levier économique stratégique

Le gouvernement a fait de la relance des entreprises confisquées dans le cadre de la lutte contre la corruption, un objectif prioritaire.

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Consultant international en développement économique, Abderrahmane Hadef estime que la décision de l’Etat de récupérer les entreprises en difficulté ou laissées à l’abandon revêt une portée économique et stratégique majeure.


Une mesure de «sauvegarde industrielle et sociale»

Selon Abderrahmane Hadef, il s’agit d’une mesure de «sauvegarde industrielle et sociale» visant à préserver des milliers d’emplois et à éviter la disparition d’actifs productifs essentiels. «Ces entreprises constituent des maillons structurants dans des filières aussi sensibles que l’agroalimentaire, la mécanique, la chimie ou les matériaux de construction. Leur relance permet de redonner vie à des écosystèmes locaux, de revitaliser des bassins d’emploi et de renforcer la souveraineté économique du pays», explique t-il. Sur le plan stratégique, souligne-t-il, cette démarche traduit «une volonté claire de l’État de préserver sa capacité d’intervention dans des secteurs jugés prioritaires et de garantir la continuité de certaines productions vitales pour l’économie nationale.»


En reprenant la main sur ces entreprises, «l’État évite la destruction d’un capital productif accumulé durant des décennies et se donne les moyens de réorienter certaines activités vers les objectifs de la politique industrielle nationale, notamment la substitution aux importations, la montée en gamme technologique et la participation à la transition énergétique», souligne t-il. L’économiste insiste sur les avantages concrets qu’on peut tirer de ces entreprises une fois réintégrées dans le secteur public. «Cette intégration facilite l’accès au financement grâce à la mobilisation d’instruments de soutien, qu’il s’agisse de recapitalisation, de prêts à taux préférentiels ou de garanties pour la relance. Cette sécurité financière est essentielle pour réhabiliter les équipements, relancer la production et restaurer la confiance des fournisseurs et des clients», relève t-il.


Instaurer une gouvernance plus rigoureuse

De plus, explique Abderrahmane Hadef, «l’intégration dans le secteur public permet d’instaurer une gouvernance plus rigoureuse fondée sur la transparence et la performance.» Sous supervision étatique, ces entreprises peuvent bénéficier «d’une meilleure structuration comptable, d’un appui managérial qualifié et de mécanismes de suivi orientés vers des résultats mesurables.» Cela leur permet de «gagner en crédibilité vis-à-vis des partenaires économiques et des institutions financières.»


Hadef met également en avant la logique de synergie qui accompagne cette relance. «Ces entités peuvent coopérer avec d’autres entreprises publiques pour mutualiser les moyens, partager les infrastructures et s’intégrer dans des chaînes de valeur nationales, voire régionales. L’appui de l’État, combiné à une stratégie industrielle cohérente, peut leur permettre de renouer avec la compétitivité, de se moderniser et, à terme, de redevenir autonomes», relève t-il.


Instaurer une culture de performance 

Pour garantir la réussite de cette démarche, Hadef estime qu’il est indispensable de «réformer la gouvernance» et «d’instaurer une culture de performance». «Chaque entreprise reprise doit faire l’objet d’un diagnostic financier, technique et commercial afin de définir un plan de restructuration réaliste.» L’État, poursuit-il, «doit privilégier la logique de performance et de résultat, en instaurant des contrats-plans avec des objectifs clairs, mesurables et assortis d’une reddition de comptes périodique.» Sur le plan managérial, il plaide pour une sélection rigoureuse des dirigeants : «La nomination de responsables compétents, dotés d’une culture de résultat et d’une autonomie opérationnelle, est indispensable. Il faut rompre avec les réflexes bureaucratiques et introduire une culture d’entreprise fondée sur la responsabilité et l’efficacité», recommande t-il.


Les mécanismes de financement doivent également évoluer. Hadef appelle à un engagement dans la modernisation technologique et énergétique. «Ces entreprises doivent se mettre en conformité avec les nouvelles exigences du marché : l’innovation, la digitalisation et la formation du capital humain doivent constituer les piliers de leur transformation», préconise t-il. À moyen terme, conclut-il, «les entreprises les plus performantes pourront évoluer vers des partenariats public-privé, voire un retour progressif au secteur concurrentiel, dans un cadre transparent et attractif pour les investisseurs.» Ainsi, la récupération des entreprises en difficulté ne doit pas être perçue comme un simple sauvetage administratif, mais comme un levier stratégique pour rétablir l’équilibre productif, renforcer la souveraineté économique et préparer la transition vers une économie diversifiée et résiliente.



13 novembre 2025 | algeria-logo