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1 octobre 2025 | il y a 3 heures

Algérie : Près de 100 milliards de dollars injectés dans le secteur agricole en vingt ans

Le directeur de l’École supérieure d’agriculture, Pr. Tarik Hartani, a salué ce mardi sur les ondes de la Radio algérienne la décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, d’imposer la généralisation de la numérisation dans tous les secteurs avant la fin de l’année 2025, en commençant par l’agriculture.

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Invité de l’émission « l’Invité du jour » de la Chaîne 3, il a expliqué que cette orientation représente « une étape essentielle pour moderniser en profondeur l’agriculture algérienne, longtemps restée en retrait face aux nouvelles technologies ».


Selon lui, « le secteur agricole souffrait d’un manque flagrant d’informations fiables, notamment dans les filières stratégiques. La numérisation permettra de combler ce retard et d’offrir une visibilité réelle à toutes les filières du secteur », ajoutant que « l’absence de bases de données centralisées provoquait souvent des écarts que les responsables avaient du mal à corriger à temps ».


Près de 100 milliards $ injectés dans le secteur agricole en vingt ans

Pr. Hartani a cité en premier la filière céréalière, qui reçoit la plus grande part des financements. « En vingt ans, près de 100 milliards de dollars ont été injectés dans le secteur agricole, dont 80 % dans la seule filière céréalière. Avec la numérisation, il aurait été possible d’optimiser ces financements et d’assurer une meilleure traçabilité des ressources », a-t-il indiqué.


La filière de l’élevage est aussi concernée. L’usage de puces électroniques pour suivre le cheptel pourrait améliorer les résultats et réduire les pertes. Quant à la mécanisation, elle dépend largement d’une meilleure maîtrise de la donnée numérique. « Si nous parvenons à contrôler l’information, nous pourrons réduire sensiblement la facture des importations, comme l’ont démontré des pays émergents tels que le Brésil ou la Russie », a-t-il ajouté.


Le professeur Hartani considère que « la centralisation des données agricoles représente un levier stratégique pour améliorer la gestion et affiner les prévisions. La numérisation permettra de disposer d’outils fiables afin d’anticiper les besoins en stockage, en semences, en engrais et en matériel, comme elle facilitera également la distribution des aides financières et matérielles, qui pourront être orientées de manière plus transparente et plus équitable vers les agriculteurs qui en ont réellement besoin ». Et d’ajouter : « Lorsque l’information est fragmentée et non numérisée, la prise de décision devient approximative. Avec la digitalisation, l’administration centrale disposera d’une vue d’ensemble et pourra mieux accompagner les producteurs ».


L’importance de sensibiliser les agriculteurs

Le directeur de l’École supérieure d’agriculture estime que le succès de cette transition dépend aussi « de l’adhésion des agriculteurs eux-mêmes », en insistant sur « l’importance d’aller vers les exploitants, y compris ceux situés dans les zones steppiques ou montagneuses, afin de les sensibiliser aux bénéfices de la numérisation ». Il a souligné que « des applications adaptées pourraient fournir des informations utiles sur le climat, les conditions de semences, ou encore l’utilisation optimale des engrais et des outils de travail. Même les petits éleveurs doivent avoir accès à ces données pour mieux gérer leurs activités ».


S’il reconnaît que certains acteurs restent réticents, il considère que « la modernisation est un mouvement irréversible » et que « ceux qui refusent d’intégrer cette dynamique finiront par être marginalisés. L’essentiel est que l’administration centrale crée les conditions favorables pour accompagner les producteurs ».


Un système national d’information agricole

Pr. Hartani a également annoncé « la mise en place prochaine d’un système national d’information agricole, destiné à centraliser et à valoriser toutes les données produites par les différents démembrements du secteur ». « Chaque structure génère de l’information qui doit être stockée et transmise à la hiérarchie. Nous disposons déjà de bases de données qu’il faut exploiter. Une information non utilisée et non optimisée est une information morte, alors que des efforts importants ont été consentis pour la produire », a-t-il souligné.


Il a enfin rappelé « la nécessité de sécuriser ces données en recrutant des ressources humaines qualifiées capables d’en assurer la gestion », avant de mettre en avant l’importance de la Conférence nationale de l’agriculture prévue fin octobre, « un rendez-vous stratégique » pour aborder ces enjeux et formuler des recommandations utiles pour le secteur et pour les citoyens.

1 octobre 2025 | algeria-logo