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16 novembre 2025 | il y a 1 jour

Algérie : les cryptomonnaies sous surveillance renforcée

Les autorités algériennes placent désormais les cryptomonnaies sous haute surveillance, en raison de l’essor mondial de ces actifs numériques et de leur utilisation potentielle dans le financement d’activités criminelles, notamment via le dark web ou certaines plateformes en ligne.

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Un cadre légal strict : une interdiction totale confirmée

L’Algérie affiche une position ferme et prudente face à ce type de transactions. Le loi 25-10, modifiant la législation sur la prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme, interdit formellement, via son article 6 bis, l’émission, l’achat, la vente, le minage, la détention, l’utilisation ou la promotion des actifs virtuels, ainsi que la création ou l’exploitation de plateformes de trading associées, que ce soit à des fins de paiement ou d’investissement.


Des formations pour juges et services d’enquête

Dans le cadre de cette politique de vigilance, le ministère de la Justice multiplie les formations sur la nature juridique et technique des cryptomonnaies.

Une nouvelle session se tiendra du 16 au 20 novembre 2025, organisée en collaboration avec l’ambassade des États-Unis et animée par le programme américain ICITAP, spécialisé dans le soutien aux enquêtes criminelles.


Ce séminaire s’adresse aux magistrats, aux officiers de police judiciaire, ainsi qu’aux analystes de la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) et de la Banque d’Algérie. Il fait suite à une première session tenue en juillet 2025 consacrée aux techniques d’investigation dans les sources ouvertes (OSINT).


Cryptomonnaies : un système hors contrôle des banques centrales

Les cryptomonnaies fonctionnent via un réseau d’échange chiffré de pair à pair, développé il y a une dizaine d’années, et destinées à faciliter les transactions numériques.

Elles circulent en dehors des systèmes bancaires traditionnels, ne sont garanties par aucun État et reposent exclusivement sur la confiance des utilisateurs. Elles permettent ainsi de contourner les barrières liées aux devises nationales et aux taux de change, un élément qui préoccupe les autorités.


Un intérêt croissant des institutions et une coopération internationale

La session de formation précédente avait été encadrée par d’anciens agents du FBI, des spécialistes de l’OSINT et des experts en lutte contre le blanchiment.

Dix-huit cadres de la Justice, ainsi que des représentants de la Banque d’Algérie, de la Gendarmerie nationale, de la DGSN et de la CTRF avaient alors bénéficié de ce programme dans le cadre de la coopération algéro-américaine.


L’objectif de ces actions est de renforcer les capacités d’enquête et d’analyse des autorités judiciaires, des forces de l’ordre et des organismes de contrôle, en particulier dans la lutte contre les circuits financiers illicites.


Un arsenal juridique en adaptation continue

Le Parlement a récemment approuvé un projet de loi modifiant la législation de 2005 sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Présenté par le ministre de la Justice, Boujemaa Lotfi, le texte s’inscrit dans la démarche de mise en conformité du dispositif national avec les standards internationaux, notamment les exigences du Groupe d’action financière (GAFI), dans l’objectif de sortir de la liste grise.


Lors de sa dernière session, fin octobre, le GAFI a toutefois maintenu l’Algérie sur cette liste, tout en reconnaissant les progrès réalisés et encourageant la poursuite des réformes techniques nécessaires.


Coopération internationale obligatoire et encadrée

Le nouveau cadre légal impose désormais aux autorités algériennes compétentes de coopérer et d’échanger des informations avec leurs homologues étrangers, de manière automatique ou sur demande, dans le respect des accords internationaux, du secret professionnel, de la réciprocité et des principes fondamentaux du droit algérien.

16 novembre 2025 | algeria-logo