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26 ديسمبر 2021 | منذ 3 سنوات

Dr Mustapha Mékidèche, expert en économie, à El Moudjahid : «un instrument d’attractivité des IDE»

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El Moudjahid : L'option pour les zones franches  constitue-t-elle réellement une opportunité pour l'économie nationale ?

Mustapha Mékidèche : C’est effectivement un des instruments de la boîte à outil de l’attractivité des IDE. On a déjà tenté de tester cet instrument dès la décennie 1990 en promulguant le décret exécutif 94/320 du 17 octobre 1994 sans aller jusqu’au bout de l’expérience. Le premier colloque sur cette problématique a été tenu à Jijel en 1997. Une conférence internationale a été organisée sur le sujet par l’Université de Boumerdès. Résultat des courses : le projet de zone franche de Bellara a été abandonné en 2004 sans trop savoir pourquoi il a été initié et pourquoi il a été annulé. C’est pour cela que cette option, comme vous le dites, doit d’abord être une partie intégrante d’une réflexion et d’une vision économique claires et formalisées et non un effet de mode ou de conjoncture. L’une des références en la matière est l’île Maurice qui s’est engagée dans cette voie pour être un major mondial dans l’industrie textile et elle l’a été. Chez nous le concept de zone franche est décliné et compris de façon différente par les acteurs institutionnels et économiques. Certains le considèrent comme un soutien public supplémentaire fiscal et douanier pour promouvoir le commerce frontalier (Libye, Tunisie, Niger, Mauritanie, Mali) alors qu’il existe, pour ce faire, un accord africain de libre échange auquel l’Algérie a souscrit.


La création de zones franches exige des préalables et des conditions...

En tout cas la volonté est affichée si l’on se réfère à la décision de supprimer l’obligation du 49/51 pour les IDE. Mais il reste à rétablir la confiance non seulement en direction des investisseurs nationaux, y compris ceux de la diaspora, et étrangers mais aussi en direction des institutionnels qui seront amenés à accorder les dérogations et faciliter ce que les dispositions de la loi prévoira. Dans la région MENA, nous sommes à la traîne si l’on se réfère au ratio IDE/FBCF (IDE sur formation brut du capital fixe) : moins de 5% pour l’Algérie et près de 20% pour l’Egypte. J’ai évoqué plus haut la condition préjudicielle celle de disposer d’une stratégie formalisée de développement de long terme déclinée par secteur (industrie, agriculture, services, énergies). Sans cette vision on aura du mal à sortir de la nasse des pays à revenu intermédiaire, sachant le tarissement daté de notre rente hydrocarbures. Pour les facteurs de succès disponibles ou émergents on peut relever le capital humain du pays et sa nouvelle classe d’entrepreneurs jeunes et moins jeunes.


Pensez-vous que la démarche des pouvoirs publics est indiquée dans le contexte actuel ?

Le caractère mitigé des avis sur les ZF renvoie aux développements précédents : hésitation et même recul dès que les produits financiers de la rente s’améliorent associés à une vision et à une stratégie non définies de façon diachronique. Alors nous passons la moitié du temps à hésiter et l’autre moitié à le regretter. Prenons le temps de la réflexion mais opérons les bons choix et mettons en œuvre de façon résolue et déterminée la stratégie arrêtée. La grande menace pour notre économie c’est celle de rester empêtrés, de façon structurelle, dans la nasse de la croissance molle. Pour conclure la ZF est un instrument efficace si l’on sait l’utiliser dans une démarche stratégique d’émergence. Et seulement dans ce cas.

25 ديسمبر 2021 | algeria-logo